Aujourd’hui, l’Orseu vous propose une série de portraits de représentants du personnel confrontés à la crise du Covid 19

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Comment travaillent-ils dans le contexte actuel ? Comment leur rôle s’adapte-t-il ? Quel dialogue social en ces temps d’incertitude ? 

Des témoignages à retrouver sur le blog :  blog.orseu.com

Par ailleurs, pour vous accompagner dans la période actuelle, ils vous proposent :

  • Des ateliers « santé au travail » pour étudier les conditions la reprise d’activité, dans votre entreprise ;
  • Des ateliers « éco », pour mieux comprendre les impacts du Covid19 sur la situation économique et financière de votre entreprise.

Jacqueline, prendre soin des autres et de ses collègues

Fragiles. Aider les personnes les plus fragiles : le soin est au cœur du travail de Jacqueline. Cette aide-soignante est employée par Vita, un réseau associatif d’une centaine d’établissements s’adressant notamment aux personnes âgées dépendantes ou aux adultes et enfants handicapés. Déléguée syndicale, elle est élue au Comité social et économique (CSE) et dans la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT). Les EHPAD de Vita n’ont pas connu de flambée épidémique. L’inquiétude règne toutefois depuis le début de la crise, pour trouver du matériel de protection. Masques, gants, surblouses… les protections manquent ici comme ailleurs. Vita a pu compter sur la générosité de particuliers ou d’entreprises qui ont spontanément fait des dons, par exemple des masques et même des visières de protection construites avec les moyens du bord. Les salariés ont même mis leur propre réseau personnel à contribution, pour trouver ces donateurs. Dans le même temps, l’ESAT du groupe s’est mis à produire des masques en tissu. L’Agence régionale de santé (ARS) a récemment mis à disposition du matériel de protection. « On reste vigilant » explique Jacqueline, quant aux quantités reçues.

La vigilance concerne aussi les aménagements de l’organisation du travail : comment adapter les ressources pour maintenir le fonctionnement des établissements ? Pas question d’arrêter l’ensemble des activités. La fermeture de certaines structures d’accueil d’enfants, qui ont pu être accueillis par les familles, a permis le redéploiement de salariés vers des structures carencées par les arrêts de travail pour garde d’enfants ou pour maladie. Une partie du personnel a été placée en activité partielle. Les interrogations sur le futur sont réduites, le médico-social restant préservé des incertitudes économiques.

L’organisation avec les partenaires externes s’est également améliorée. La médecine du travail est investie et des accès directs entre administrations permettent aux différents acteurs d’être plus efficaces. Par exemple, les médecins coordinateurs bénéficient d’un accès dédié à l’ARS alors que le traitement des suspicions de Covid en début de crise nécessitait un passage par le 15, submergé. De même, l’ARS transmet directement aux établissements la documentation nécessaire sur les protocoles spécifiques.

Sollicitée. La période est donc intense pour les représentants du personnel, autant sur ces aspects de protection de la santé des salariés que d’organisation repensée du travail. Jacqueline est aujourd’hui un peu moins sollicitée. Les sujets tournent plutôt autour de l’inquiétude qu’ont certains vis-à-vis de la maladie. Un collègue a été suspecté d’avoir été contaminé mais le test s’est révélé négatif. « Je mériterai bientôt une paye de psychologue ! », plaisante Jacqueline. Être représentant du personnel, c’est aussi déminer les situations de stress par la parole et l’échange.

Jacqueline continue à travailler au même rythme qu’avant. Elle a précisé à sa direction être disponible pour aider dans tous les domaines dans lesquels elle peut se rendre utile, y compris ceux plus éloignés de son cœur de métier. L’activité du CSE a, de son côté, été adaptée. La dernière réunion en présentiel remonte au premier jour du confinement. A cette occasion, les partenaires sociaux ont mis en place un modèle de fonctionnement « de crise ». Il repose sur deux réunions hebdomadaires, en visioconférence, à laquelle participent le président, la DRH et un représentant élu par organisation syndicale, soit 3 représentants au lieu d’une petite trentaine habituellement. Le dialogue social se renforce en temps de crise. « La direction est assez transparente. Je sens une reconnaissance sur l’importance du travail accompli par les représentants du personnel. Les remontées du terrain sont précieuses en ce moment. Ça permet de bien appréhender la situation dans les établissements. Tout cela offre un regard complémentaire à celui des responsables locaux ». Et en cas de singularités repérées sur le terrain, les élus du CSE contactent directement la direction, sans attendre une réunion.

Modernisation. PourJacqueline,l’apport indéniable de cette crise est l’institutionnalisation du télétravail et des réunions en visioconférence. Le groupe Vita s’étend à l’échelle d’un département. Pour les élus, la participation aux réunions est souvent pénible. « On passe parfois plus de temps dans les transports qu’en réunion ! La crise du Covid va précipiter cette modernisation. Le télétravail était systématiquement refusé par la direction. Mais on voit maintenant que ça fonctionne relativement bien. » La situation permet aussi de porter « un regard neuf vers des métiers du soin souvent dévalorisés, à l’instar d’autres métiers qui sont aujourd’hui mis en avant : éboueurs, agents de caisse… » Comment valoriser l’utilité sociale de ces métiers à bas salaires ? Pour Jacqueline, l’enjeu se situe là. « Le challenge pour l’entreprise sera d’acter une reconnaissance qui n’est que symbolique pour le moment ». Le Covid a interrompu les négociations sur le montant des primes Macron. Salariés et organisations syndicales attendent un geste substantiel de la part de la direction. Même si les récentes annonces du gouvernement au sujet de primes exceptionnelles ne concernent que les agents des établissements publics.

L’accumulation d’heures supplémentaires sera l’autre sujet brûlant. La direction refuse habituellement, par principe, le paiement des heures supplémentaires. Or, l’annualisation du temps de travail a comme conséquence un cumul important de ces heures. Il faudra là aussi que les discussions prennent en compte l’effort des personnels. Si la direction devait prendre des décisions mesquines, cela aurait pour conséquence de gommer l’implication de tous ses collègues, pendant toute cette période inédite.

Venez sur le site de l’Orseu 

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