Article original Romane Idres France 3 Hauts-De-France
La chaine de magasins de fourniture de bureau, dont le siège social est à Senlis et qui emploie près de 1 600 personnes en France, a été placée en redressement judiciaire le 5 février. 13 candidats se sont manifestés pour la reprise, mais la plupart prévoient des licenciements en masse.
« La majorité des offres ne tiennent pas la route« , regrette Sébastien Fournier, délégué syndical central UNSA et secrétaire du CSEC, à l’issue de la présentation officielle des candidatures ce 22 mars.
« Depuis le début, on avait deux conditions : que l’entreprise soit gardée entière, avec ses trois canaux (les magasins, la vente par correspondance et les contrats avec les professionnels, ndlr), et qu’il y ait le moins de casse sociale possible, rappelle-t-il. Il n’y a qu’une seule offre qui réunit ces deux conditions, les autres, c’est du démantèlement. »
Une offre tire son épingle du jeu
En effet, la plupart des offres ne prévoient que le rachat de quelques magasins, avec très peu d’emplois conservés. Trois candidats envisagent de reprendre une plus grande partie de l’activité actuelle, mais avec un maximum de 380 salariés sur les 1 584 que compte aujourd’hui Office Dépôt France.
La seule offre qui a convaincu le représentant des salariés est celle faite par le président actuel, Guillaume de Feydeau. « Il nous parle de garder 1 250 postes, c’est quand même mieux« , indique Sébastien Fournier.
Pour rappel, si Guillaume de Feydeau est PDG de l’entreprise, c’est le groupe allemand Aurelius qui en est propriétaire. Souvent qualifié de « fonds vautour », ce fonds d’investissement avait racheté l’entreprise en 2017, avant de déclarer en 2020 que la crise sanitaire avait gravement affecté la santé de l’entreprise et rendu inévitable la procédure de redressement judiciaire.
Une version des faits que les représentants du personnel avaient démentie, accusant Aurelius d’avoir aspiré la trésorerie des magasins sans jamais investir. Mais en février déjà, le représentant des salariés affirmait que Guillaume de Feydeau avait lancé un plan de transformation efficace pour relancer l’activité, et craignaient de le voir stoppé net.
L’Etat appelé à l’aide
« Ce plan de transformation donne des résultats depuis cinq mois, assure Sébastien Fournier. L’idée, c’est de rester sur cette lancée, avec le moins de casse sociale possible. Et ça il n’y a que l’offre de monsieur de Feydeau qui le permet.«
Mais cette offre est soumise à conditions : celle d’obtenir un prêt garanti par l’Etat.
« On a interpellé Bruno le Maire a plusieurs reprises pour qu’il s’intéresse à cette affaire, mais on n’a jamais eu de réponse. Là, je lui ai fait un courrier officiel pour lui demander de nous recevoir, qu’on puisse discuter de cette reprise et avoir un médiateur avec Aurelius.«
Les représentants du personnel ont moins de quatre semaines pour auditionner les candidats et émettre un avis. Le tribunal donnera ensuite sa décision le 20 avril.