Article original par : Eric le Mitouard et Charlotte RobinetLe 16 septembre 2020.
Le tribunal de commerce a accepté le plan de sauvegarde de l’enseigne, qui prévoit aussi la suppression de 77 emplois.
C’est confirmé. Les deux principaux magasins Fauchon, au 24 et au 30 de la place de la Madeleine, vont bien fermer leurs portes définitivement. Le troisième, au 26, occupé par l’enseigne Amélie (restaurant de poisson), concédée par le traiteur, fermera lui aussi. Mais il ne vend plus depuis longtemps les macarons ou le thé si prisé des Parisiens et des touristes.
Le tribunal de commerce de Bobigny a validé ce mercredi le plan de redressement de l’enseigne qui prévoyait aussi le licenciement de 77 salariés, sur les 117 que comptaient encore les magasins, le siège et les laboratoires.
«C’est une institution »
Les boutiques situées aux numéros 24 et 30 de la place – dont l’une est restée fermée depuis le confinement -, devraient arrêter toute activité, dans le courant du mois d’octobre.
« Le tribunal a validé. Point final », réagit Irène Chéradame, 22 ans de maison en tant qu’assistante de direction et déléguée syndicale Unsa.
« Les gens ne se rendent pas compte. Mais c’est une institution présente ici depuis 134 ans qui se ferme », regrette Nadine, 62 ans, employée du traiteur et qui se prépare à devoir pointer au chômage. « C’est une référence, souligne Myriam, une des bénévoles du restaurant associatif de la Madeleine. Ce nom et ce savoir-faire doivent être maintenus », espère-t-elle.
Rétablir l’équilibre d’exploitation…
L’objectif du plan de redressement, pour le groupe durement touché par les manifestations des Gilets jaunes et la crise du Covid-19, est de permettre de rétablir l’équilibre d’exploitation de l’entreprise et d’assurer le maintien des 73 magasins franchisés dans le monde.
La direction soulignait aussi, ces derniers jours, le poids extrêmement lourd des loyers qui n’avaient pas pu être renégociés. « Avec les 1 500 m2 de magasins que nous avons encore, nous devons payer 3 millions d’euros de loyers par an. Ce n’est plus rentable », affirme Samy Vischel, 36 ans dont 12 chez Fauchon, beau-fils de Michel Ducros, actionnaire unique de Fauchon qui est lui-même l’ancien dirigeant de la société d’épices familiale Ducros. « Il restera encore 6 000 m2 de la marque sur la place, avec l’hôtel, le grand café et la boutique de thé », se rassure Samy Vischel.
Des ouvertures dans des quartiers moins dépendants du tourisme
Selon la direction, un ou deux autres magasins pourraient ouvrir dans les prochains mois dans des quartiers plus commerciaux de la capitale, moins dépendants du tourisme. « Ce n’est encore qu’à l’étape de projet. Mais nous souhaitons nous concentrer sur les produits qui génèrent le plus de chiffres d’affaires : le chocolat, le thé, la pâtisserie et la cave », indique Samy Vischel. L’expansion internationale reste une autre priorité.
Dans son communiqué, Fauchon Paris indique sobrement : « Une nouvelle page de son histoire s’ouvre désormais ».
*Photographie : Place de la Madeleine (VIIIe). Eric et Myriam, deux bénévoles du restaurant associatif de l’église de la Madeleine, regrettent la fin de cette institution. LP/Eric Le Mitouard pour Le Parisien