Dans le cadre des Journées européennes organisées au Conseil économique, social et environnemental (CESE) ces 27 et 28 mars, les groupes UNSA, organisations étudiantes et mouvement de jeunesse, associations et CGT ont construit et animé un atelier sur l’extrême droite.
Après une présentation de son livre “À l’extrême droite de l’hémicycle” dans lequel l’auteure, Estelle Delaine, analyse sous l’angle de la recherche universitaire le positionnement des groupes d’extrême droite au Parlement européen, Saïd Darwane, conseiller UNSA au CESE, est intervenu devant la centaine de participants.
Introduisant son propos par la montée des populismes, précisant que tous ne se ressemblent pas, il s’est intéressé particulièrement au populisme d’extrême droite qui conteste les droits humains qui protègent les individus et imposent des obligations d’égalité et de protection aux États.
Cette extrême droite progresse en France comme dans de nombreux pays européens. Elle est aujourd’hui à la tête des gouvernements italien et hongrois et participe à l’exécutif finlandais ou slovaque.
Elle soutient la coalition au pouvoir -sans en faire partie- en Suède et elle est arrivée en tête lors des dernières élections législatives aux Pays-Bas.
Nous ne pouvons rester spectateurs face à une extrême droite qui méprise les principes démocratiques mais qui utilise la démocratie pour arriver au pouvoir. Une extrême droite qui conteste l’action collective organisée (syndicats par exemple).
Une extrême droite fasciste, raciste, xénophobe, antisémite et anti-LGBT. Une extrême droite anti-égalité femmes-hommes qui fait de la femme au foyer élevant ses enfants le cœur de sa politique familiale. Une extrême droite qui voit dans l’étranger la cause de tous les maux de la société.
Comment agir pour la combattre ? Comment agir, nous, société civile organisée (organisations syndicales, ONG, associations, mouvement de jeunes, etc.) face à cette montée de l’extrême droite en France et en Europe ?
Après avoir posé quelques constats nécessaires à la compréhension de ce phénomène, comme la baisse régulière de la participation aux élections et le recul du militantisme politique, Saïd Darwane a insisté sur les bouleversements considérables qui ont déstabilisé de nombreux citoyens français et européens : de la chute du mur de Berlin au développement de la mondialisation économique et financière en passant par la crise financière de 2008, les guerres, la pandémie, etc.
Le tout dans un contexte de fin d’ère industrielle, de grandes mutations technologiques et de dérèglement environnemental.
Dénonçant avec force l’imposition par l’extrême droite des thèmes comme l’insécurité et l’immigration en faisant des immigrés sa cible favorite, et flattant les victimes du système, il a proposé des pistes d’actions destinées à combattre l’extrême droite.
Tout d’abord en remettant au cœur du débat politique la question sociale car la pauvreté, le chômage ou la précarité sont autant de signaux qui montrent que le progrès ne profite pas à tous.
La lutte résolue contre les inégalités doit nous guider, comme la place des jeunes et des femmes ou la culture de l’égalité et de la solidarité. Mais aussi l’éducation à la citoyenneté, la promotion du dialogue interculturel et l’engagement, qui sont autant d’antidotes intellectuels à l’extrême droite.
Enfin et peut être surtout, Saïd Darwane recommande de multiplier partout et tout le temps des actions communes d’échange, de partage et de coordination pour mieux combattre l’extrême droite en Europe.